Wolf Solkin, Deuxième Guerre Mondiale


Wolf Solkin s’est battu durant la Deuxième Guerre Mondiale.  Et Wolf Solkin continu de se battre. Il se décrit lui-même comme étant un activiste pour les vétérans vivant à l’hôpital de Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec. La lutte de Wolf n’est pas seulement importante pour lui mais aussi pour les autres résidents de l’hôpital. Pour Wolf, la Deuxième Guerre Mondiale est le passé, la situation qu’il vit actuellement est plus importante. Je vais donc commencer à vous raconter son histoire en vous expliquant sa lutte pour de meilleurs soins, avant de vous raconter son histoire de guerre.  


Wolf a 96 ans et habite l’hôpital des vétérans depuis plusieurs années.  Il y a quelques années, l’hôpital a été vendu au gouvernement provincial par le gouvernement fédéral et est devenu un CHSLD.  L’entente stipule que le niveau de soin aux vétérans qui existaient sous le gouvernement fédéral doit être maintenu, malgré la vente de l’hôpital. Pour y arriver, le gouvernement fédéral envoi au gouvernement provincial un certain montant d’argent par vétéran.  Cet argent doit être dépensé pour le soin des vétérans.  Mais Wolf dit que depuis le passage du fédéral au provincial, il s’est produit un changement drastique dans le soin aux résidents vétérans.  Après la vente de l’hôpital, 40% des employés ont quitté et il est très difficile de les remplacer.  Wolf se demande où est passé l’argent du gouvernement fédéral pour les vétérans, parce qu’elle ne semble pas faire une différence dans le niveau de soin qu’ils reçoivent.  Il a essayé plusieurs fois d’obtenir l’information en utilisant plusieurs moyens à sa disposition mais il n’a pas été en mesure d’obtenir une réponse.  Après 3 ans d’effort restés vains à écrire et envoyer des lettres aux différents paliers de gouvernements, aux journaux, et après plusieurs apparitions à la télé, à la radio et dans les magazines, Wolf a décidé de poursuivre les deux gouvernements et l’administration de l’hôpital. L’ironie suprême est qu’il s’est battu pendant la guerre pour préserver ces gouvernements… et il se bat maintenant contre eux pour préserver les soins aux vétérans.  C’est ce combat qui est important pour Wolf.  Il ne le fait pas seulement pour lui mais aussi pour les autres vétérans de l’hôpital qui ne peuvent le faire ou qui ont peur de le faire.  


Wolf est courageux, tout comme il l’a été pendant la guerre.


Wolf est né en 1923 et s’est enrôler à 19 ans alors qu’il étudiait la sociologie à l’Université McGill à Montréal. Wolf a toujours été très antifasciste, en plus d’être Juif ce qui le rend très antinazi.  Il était membre du bataillon d’entrainement des réservistes de McGill.  En 1942, pour encourager les gens à s’enrôler, McGill donne la possibilité à ses étudiants de dernière année de s’enrôler tout en faisant leurs examens pour l’obtention de leur diplôme.  C’est ce que Wolf décide de faire.  Il gradue avant de partir à la guerre.


Dans l’armée, Wolf choisi l’artillerie.  Il devient officier et part pour l’Angleterre en 1943 pour poursuivre l’entraînement et attendre d’être appelé.  Les soldats s’entraînent pour le Jour J. Ils savent que l’invasion approche mais ils ignorent quand exactement elle se produira.


Pendant son entraînement en Angleterre, Wolf rencontre Bill O’Donnell, un autre Montréalais.  Ils deviennent rapidement des meilleurs amis.  Un jour, Wolf est à l’arrière d’un convoi sur une motocyclette pendant un entraînement lorsqu’il est victime d’un accident sérieux.  Il doit alors passer plusieurs mois à l’hôpital pour des soins et de la réhabilitation.  Lorsqu’il sort enfin, le haut commandement n’est pas très à l’aise à l’idée de lui faire rejoindre une unité d’artillerie puisqu’il a souffert de plusieurs concussions.  Wolf décide alors de transférer dans l’infanterie.  En tant que Montréalais, on lui offre un poste d’officier dans le Blackwatch.  Mais le régiment Algonquin cherchait deux officiers.  Wolf et son meilleur ami Bill veulent rester ensemble et donc ils choisissent tous les deux de transférer dans le régiment Algonquin et sont envoyés au combat.    


Wolf ne veut pas entrer dans les détails des combats: la guerre, c’est la guerre.  Malheureusement, Wolf et Bill représentent à eux deux ce qu’est la guerre: Wolf en est revenu, pas Bill. 


Depuis ce temps-là, Bill n’a jamais quitté Wolf; ce dernier transporte la photo de son meilleur ami partout où il va.  Wolf l’amène aussi à toutes les cérémonies auxquelles il assiste, à tous les jours du Souvenir. Pendant la guerre, avant le combat, Wolf et Bill s’étaient promis que celui qui allait survivre allait contacter la famille de l’autre.  Au moment de sa mort, Bill avait une fille qui était encore un nourrisson.  Elle n’a jamais connu son père.  Il a fallu 40 ans à Wolf mais il a finalement pu la retrouver et remplir la promesse faite à son ami.  Il a enfin pu lui transmettre le message de son père: « Dit à ma fille que je l’aime ». Les années ayant passées, la fille de Bill a maintenant 6 enfants et des petits-enfants.  Toute la famille n’avait que très peu d’information sur Bill.  Wolf a pu leur parler de Bill et leur remettre une copie de sa photo.  Wolf et la fille de Bill sont toujours en contact aujourd’hui.


À ce jour, lorsque des gens se rendent en Hollande pour différentes raisons, comme un pèlerinage militaire, Wolf s’assure de leur donner des photos, des souvenirs personnels, des badges, des lettres à être enterré à la pierre tombale de Bill.    


Wolf dit que les séries et les films au sujet de la guerre sont assez près de la réalité.  Mais qu’ils montrent souvent seulement l’héroïsme.  Ils ne montrent pas la peur, l’incertitude.  L’instinct de conservation de soi qui se bat contre l’instinct d’aller au combat.  Ce sont là les réalités de la guerre.  Wolf dit que le courage est de continuer de se battre malgré le fait que vous soyez terrorisés.   


La photographie que Wolf tient dans ses mains est celle de son meilleur ami Bill O’Donnell.  Je souhaite la meilleure des chances à Wolf dans son combat contre le gouvernement pour l’obtention de meilleurs soins pour les gens qui se sont battus pour nous pendant la Deuxième Guerre Mondiale et la guerre de Corée.  Merci Wolf d’avoir partagé votre histoire avec moi.  Vous êtes un géant et je n’oublierai jamais notre rencontre.